Efficacité énergétique : le grand défi des économies d’énergie

Avec les dérèglements climatiques et l’épuisement des ressources énergétiques fossiles observés sur la Terre, il devient urgent d’opérer une transition énergétique majeure. Pour limiter l’empreinte environnementale et parvenir à une neutralité carbone en 2050, la France, encouragée par l’Union européenne, s’efforce de développer le champ des énergies renouvelables et d’opérer de vastes économies d’énergies, notamment dans les secteurs énergivores du bâtiment et de l’industrie.

Qu’est-ce que l’efficacité énergétique ?

L’efficacité énergétique désigne en physique le rapport entre l’énergie produite par un système (dites “utile”) et l’énergie totale consommée pour le faire fonctionner. 

Exemple : dans un véhicule, si 30% de l’énergie présente dans l’essence est transformée en énergie mécanique pour le faire rouler, alors son efficacité énergétique est de 30 %. 

D’un point de vue plus global, l’efficacité énergétique représente le rendement énergétique complet d’un système, c’est-à-dire la capacité de pouvoir diminuer sa consommation énergétique par des innovations technologiques et des pratiques nouvelles, tout en maintenant un niveau de performance finale égal ou supérieur.

L’efficacité énergétique encadrée par une législation européenne

La réduction de la consommation d’énergie est un enjeu prioritaire pour l’Union européenne. Un cadre commun, Directive sur l’efficacité énergétique, est fixé depuis plusieurs années entre les États membres pour réaliser des économies d’énergie.

Après avoir fixé en 2007 un objectif de 20 % de réduction de la consommation d’énergie d’ici à 2020, les dirigeants de l’UE se sont retrouvés en 2018, à l’occasion du programme “Une énergie propre pour tous les Européens”. Ils se sont engagés cette fois-là à un nouvel objectif encore plus ambitieux, visant 32,5 % d’efficacité énergétique d’ici à 2030.

Des négociations sont actuellement en cours au niveau européen. Certains États espèrent aller jusqu’à 55 %, quand d’autres, notamment à l’est de l’Europe, disent ne pas pouvoir aller au-delà de 40 %. La décision pourrait être prise lors du sommet européen des 10 et 11 septembre.

Au-delà de ce socle commun, chaque État membre a la possibilité de compléter ces directives par ses propres mesures

Efficacité énergétique en France : enjeux de société

En France, la maîtrise des consommations énergétiques est aujourd’hui centrale et prioritaire et revêt plusieurs enjeux :

  • Réglementaires : pour se mettre en conformité avec la Directive européenne sur l’efficacité énergétique, l’État français a mis en place plusieurs réglementations thermiques sur les constructions neuves et des mesures incitatives auprès des particuliers pour réaliser des travaux d’amélioration énergétique.
  • Comportementaux : une prise de conscience individuelle et collective sur les économies d’énergie est indispensable afin de sensibiliser davantage les particuliers aux gestes simples, citoyens et éco-responsables.
  • Économiques et industriels : l’amélioration de notre efficacité énergétique stimule l’économie du pays en diminuant la dépendance du pays à l’énergie, en améliorant le pouvoir d’achat des ménages, en ouvrant des perspectives industrielles importantes grâce à l’innovation technologique. Une baisse des coûts d’énergie permet aussi d’améliorer la compétitivité des entreprises et de créer de nouveaux emplois.
  • Environnemental : la France a pour engagement de réduire significativement ses émissions de gaz à effet de serre (avec l’objectif de zéro émission nette de carbone en 2050). L’industrie, le bâtiment et les transports, secteurs les plus énergivores, sont principalement ciblés pour réaliser ce défi.

GNL et bioGNL : autonomie et “propreté” du transport routier


Le secteur résidentiel-tertiaire et l’industrie représentent près de 64 % de la consommation d’énergie en France. Ils devront respectivement réduire leurs émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2050 de 87 % et 75 % (par rapport à 1990), selon la stratégie nationale bas carbone (SNBC), inscrite dans la loi Énergie / Climat..

Efficacité énergétique dans le bâtiment : la rénovation au cœur du défi

En France, le secteur du bâtiment représente près de 45 % de la consommation énergétique et 27 % des émissions annuelles de CO2. La rénovation énergétique est présentée par l’État et les acteurs publics et privés comme la clé pour améliorer l’efficacité énergétique dans ce domaine.

À noter : le dispositif des certificats d’économie d’énergie (CEE) sont est au cœur du financement de la rénovation énergétique. De nombreux travaux ouvrent droit aux CEE dans les bâtiments résidentiels et tertiaires (isolation, chauffage, ventilation, éclairage…) ainsi que dans l’industrie (moteurs, récupérateurs de chaleur…) mais aussi dans les transports et l’agriculture.

Le CGDD dans son document intitulé « le parc de logements par classe de consommation énergétique », précise qu’environ 4,8 millions de logements (soit près de 17% du parc) seraient très énergivores (étiquettes F et G du DPE). Elles représentent plus de environ 20 % du parc immobilier français et plus de 20 % des logement sociaux. D’où la volonté du gouvernement français d’accompagner les plus modestes dans cette démarche de rénovation énergétique.

Bon à savoir : d’après le dernier rapport 2019 de l’Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE), la précarité énergétique touche près de 12 % des Français :  (plus de 3 millions de ménages) dépensent plus de 8 % de leurs revenus pour payer leur facture énergétique alors qu’ils appartiennent aux 30 % des ménages les plus modestes.

Afin d’instaurer davantage de sobriété énergétique dans le bâtiment, la France veut mobiliser l’ensemble des acteurs de la rénovation énergétique et plus largement les collectivités et les Français eux-mêmes.

Le plan bâtiment durable (PBD) a pour mission de trouver des solutions “passives” innovantes dans l’aspect structurel des bâtiments, neufs ou anciens, afin de favoriser l’atteinte des objectifs d’efficacité énergétique et environnementale de ce secteur. 

Aussi, à travers des campagnes nationales de communication (comme “FAIRE” en 2018), les ménages sont incités à réaliser des travaux de rénovation énergétique dans leur logement (améliorer leur isolation thermique ; changer leur chaudière au fioul par une chaudière à gaz à très haute performance énergétique (THPE) ou une pompe à chaleur ; etc). 

À noter : des aides et programmes incitatifs existent pour encourager les particuliers à réaliser des travaux énergétiques comme l’éco-prêt à taux zéro (éco-PTZ) ; MaPrimeRenov, qui remplace au 1er janvier 2021 le crédit d’impôt transition énergétique (CITE) et la Prime “Coup de pouce économies d’énergie”, étendue jusqu’au 31 décembre 2021.

Efficacité énergétique dans l’industrie : un enjeu de compétitivité

Le secteur industriel consomme un peu moins d’un cinquième de l’énergie française totale (19 %). Néanmoins, depuis le début des années 90, le secteur industriel a diminué sa consommation énergétique de 5 %, en raison d’une baisse de l’activité industrielle et par une amélioration de la performance énergétique.

En France, six filières (agroalimentaire, aluminium, chimie, ciment, papier / cartons et verre) concentrent 90 % de la consommation énergétique du secteur industriel. 

Ces filières sont incitent et accompagnées par les pouvoirs publics lpour faire  les investissements et respecter plusieurs sobligations. Par exemples, les grandes entreprises du secteur doivent réaliser tous les quatre ans un audit énergétique transmis à l’Agence de la transition écologique (ADEME) ainsi qu’une  publication de leurs chiffres d’émissions de GES, rendue obligatoire en 2010 par la loi engagement national pour l’environnement (ENE). Elles doivent respecter la norme internationale ISO 50 001 et le système européen d’échange de quotas d’émissions de carbone.

Pour améliorer l’efficacité énergétique industrielle française, l’ADEME propose aux entreprises un accompagnement global :

  • mise en place d’outils réglementaires et organisationnels ;
  • large diffusion des bonnes pratiques pour chasser les gaspillages d’énergie ;
  • investissement dans des équipements industriels énergétiquement performants ;
  • encouragement aux innovations technologiques ;
  • développement de l’utilisation industrielle de matériaux recyclés ;
  • développement des énergies renouvelables sur les sites industriels.

Bon à savoir : dans son étude « Vision 2030-2050 », l’ADEME estime qu’il y a un potentiel de 20 % d’efficacité énergétique sur l’ensemble de l’industrie pour gagner en compétitivité.