Les carburants alternatifs au gaz au cœur des enjeux de mobilité durable

La pollution de l’air est le “mal du siècle”. En ces termes, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) alerte de l’urgence de la situation environnementale et sanitaire dans le monde. En France, tous les regards convergent vers le secteur des transports pour conduire la transition énergétique et encourager le développement d’une mobilité plus durable. L’État français, par la loi d’orientation des mobilités (LOM), s’engage à améliorer la qualité de l’air avec une série de mesures concrètes, dont l’essor des carburants alternatifs.

Mobilité durable : au secours de l’urgence sanitaire et environnementale

Les transports : une cause majeure de la pollution de l’air

D’après l’Agence européenne de l’environnement (AEE), près de 90% de la population urbaine en Europe ne respire pas un air sain. Chaque année, selon l’OMS, la pollution de l’air serait responsable de 7 millions de décès prématurés dans le monde, 500 000 en Europe, et près de 50 000 en France.

D’après plusieurs études scientifiques, la pollution de l’air entraînerait des maladies cardiaques ainsi que certains diabètes et cancers. Par ailleurs, elle fragiliserait la peau et les os et entraînerait même certaines maladies mentales, l’hyperactivité ou encore l’autisme.

Les polluants atmosphériques altèrent également les végétaux et la biodiversité ou dégrade encore le bâti. Les gaz à effet de serre (GES) sont quant à eux responsables des nombreux dérèglements climatiques constatés au fil des années.

Tous les secteurs d’activités sont concernés par cette pollution atmosphérique mais le secteur des transports fait figure de mauvais élève car il représenterait 30 % des émissions de gaz à effet de serre (CO2), plus de 60 % des émissions de dioxyde d’azote et 20 à 25 % des émissions de particules fines. Il est donc urgent de trouver des solutions efficaces et durables en matière de mobilité pour remédier à cette crise environnementale et sanitaire.

LOM : une loi ambitieuse pour des transports plus durables

Dans ce contexte d’urgence, la loi d’orientation des mobilités (LOM), promulguée en décembre 2019, a pour objectif de repenser nos déplacements en s’orientant vers une mobilité plus propre.

Cette loi de mobilité durable mêlent des enjeux à la fois économiques, sociaux et sociétaux :

  • Développer et promouvoir toutes les initiatives de mobilité plus douces et actives : transports en commun, covoiturage, auto-partage.
  • Réduire l’empreinte environnementale des transports en diminuant le nombre de véhicules polluants par différents leviers : norme Euro 6, prime à la conversion, zones à faibles émissions mobilités (ZFE). Avec l’objectif d’une neutralité carbone en 2050.
  • Mieux répartir les infrastructures de transports sur nos territoires et notamment dans le secteur ferroviaire.
  • Développer les carburants alternatifs pour les biens et les personnes afin de réduire notre dépendance aux énergies fossiles : électricité, GNV, hydrogène et autres biocarburants.
  • Favoriser l’intermodalité dans les transports, sur terre, sur mer ou dans les airs.

Développer des projets de mobilité durable sur tout le territoire

Depuis plusieurs années, des initiatives se développent partout en France pour décarboner les transports avec l’essor de carburants alternatifs au gaz. GNV, GNL, GPL… Faisons le tour ensemble de ces différentes opportunités énergétiques.

GNV et bioGNV : une dynamique forte sur les véhicules lourds

En France, comme en Europe, le GNV (Gaz naturel véhicules) et le bioGNV connaissent un essor rapide depuis une dizaine d’années. Il faut dire que les véhicules GNV permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 15 % par rapport au diesel. Et jusqu’à 80 % avec le bioGNV.

Cette alternative au tout-électrique est une solution avantageuse pour verdir le transport de marchandises et de voyageurs et répondre aux problématiques de la qualité de l’air. Aujourd’hui, on recense en France plus de 20 000 véhicules immatriculés GNV. Il y a près de 150 points d’avitaillement publics sur le territoire ainsi que 300 stations privées.

Les véhicules lourds sont les plus équipés en GNV avec 10% des bennes à ordures (BOM) et 12% des bus. Les ventes de poids lourds au gaz pour le transport de marchandises sont aussi en nette augmentation depuis 2014, encouragées par des conditions économiques, fiscales et structurelles avantageuses.

De grandes villes comme Lille, Nancy, le Mans, Bordeaux ou encore Poitiers ont choisi de passer tout ou partie de leur flotte de bus au GNV ou bioGNV.

Actuellement, les collectivités et pouvoirs publics encouragent le développement de la filière bioGNV. En plus de son avantage écologique, le biogaz bioGNV est attractif pour le dynamisme économique de nos territoires car il offre un complément de revenus aux agriculteurs et favorise l’économie circulaire à l’échelle locale.

GNL et bioGNL : autonomie et “propreté” du transport routier

Le Gaz naturel liquéfié (GNL) est du gaz naturel mis à l’état liquide par condensation à -161 °C, ce qui réduit son volume de 600 fois par rapport à un état gazeux. Cette particularité lui permet d’offrir une très grande autonomie, de plus de 1 500 km, et répond de fait aux enjeux du transport routier de longue distance.Utilisé comme carburant, le GNL offre les mêmes avantages environnementaux que sa version comprimée, le GNV. Mais, aujourd’hui, on veut aller au-delà en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre avec l’utilisation de biométhane liquéfié ou bioGNL, produit par la méthanisation de boues de stations d’épuration.

GPL et bioGPL : en pleine croissance sur les véhicules particuliers

Le GPL et le bioGPL sont deux solutions qui font partie du mix énergétique français des Programmations Pluriannuelles de l’Énergie, destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. 

La PPE souligne l’intérêt de la solution GPL et du bioGPL pour réduire les émissions de CO2 et améliorer la qualité de l’air en agissant sur le parc de véhicules particuliers.

En France, on compte à ce jour 200 000 véhicules particuliers ou utilitaires GPL. Plus de 1 650 stations de GPL et bioGPL sont présentes sur le territoire national. D’ici à 2023, l’ambition est surtout de développer le parc de véhicules car nos infrastructures existantes peuvent supporter 10 fois plus de voitures qu’actuellement.

On peut compter sur un élargissement de l’offre de véhicules GPL. Récemment, Renault a lancé deux nouveaux modèles au GPL avec la Clio V Eco-G et la Captur Eco-G. Dacia propose également plusieurs de ses véhicules en version GPL. Enfin, moyennant une adaptation de quelques milliers d’euros, il est également possible d’équiper un véhicule essence au GPL.