Quel est votre rôle au sein de la Commission infrastructures ?
La Commission Infrastructures de France Gaz réunit chaque trimestre les membres des deux commissions : la Commission “Transport-Stockage” et la Commission “Distribution”. Son rôle est de partager des informations sur les travaux menés par chacune de ces commissions, de coordonner nos démarches, et d’identifier des points de convergence sur lesquels nous appuyer pour défendre les intérêts de notre profession auprès des autorités. Par exemple, le suivi des évolutions réglementaires, les nouveaux matériaux, ou les sujets gaz verts.
La Commission Infrastructures est également un lieu d’échange autour de l’actualité normative, ainsi que des problématiques de sécurité. Chaque membre peut y partager des retours d’expériences sur des incidents ou accidents, contribuant ainsi à l’amélioration des pratiques opérationnelles ou organisationnelles. Toutes les thématiques concernant nos infrastructures peuvent être abordées : les risques d’endommagement, la recherche d’amiante, la réglementation à venir sur la réduction des émissions de méthane du secteur de l’énergie, etc.
J’ai le plaisir de partager la présidence de la Commission Infrastructures avec Maurice Mennereau, de GRDF, et notre rôle consiste à clarifier, adapter notre feuille de route, et à fédérer au mieux les intérêts communs des stockeurs, transporteurs et Distributeurs. La grande variété de nos enjeux constitue un challenge important pour la Commission, mais notre objectif demeure d’avancer ensemble et d’assurer les meilleures conditions possibles à la transition de la filière et de nos métiers.
Selon vous, quel est le plus grand objectif de la commission pour cette année 2023 ?
Plusieurs objectifs sont affichés pour cette année 2023 ; ils s’inscrivent d’ailleurs dans la continuité des actions initiées ces dernières années.
Nous suivons de près les discussions en cours sur le projet de règlement européen sur les émissions de méthane, dont les conséquences seront importantes, notamment en termes de détection et de réparation des fuites. Il est nécessaire de mesurer ces conséquences en amont des discussions, car le texte devrait entrer en vigueur début 2024, et des incertitudes demeurent sur sa portée (type de détection, délais de réparation…).
Au-delà de l’enjeu majeur que représentent les émissions de méthane, nous poursuivons le cap de la transition gazière, avec la poursuite du développement des raccordements de biométhane, en lien avec les objectifs de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), et l’adaptation de nos infrastructures aux gaz de demain, en particulier l’hydrogène. La Commission Infrastructures renforce donc son rôle de “sentinelle” dans le suivi des révisions des normes et des guides en lien avec la conversion de nos réseaux, ou la création de nouvelles infrastructures dédiées. Pour ce faire, nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur les compétences de Christophe Erhel et Benoît Charlot, de France Gaz, très actifs au sein des instances normatives européennes et nationales.
Enfin, et c’est un autre objectif, les travaux en cours au sein des Commissions Distribution et Transport-Stockage vont se poursuivre, autour de la poursuite de la révision des RSDG, du suivi de la réforme du code minier, ou encore de l’adaptation des canalisations aux nouveaux gaz.
Quel avenir pour les infrastructures de transport, stockage et distribution du gaz ?
L’atteinte de l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 nécessite une profonde mutation des infrastructures de gaz, sur l’ensemble de la chaîne gazière. La Commission de Régulation de l’Energie (CRE) l’a rappelé dans un récent rapport[1]. Plusieurs scénarios sont étudiés, sur la base d’une diminution plus ou moins importante des consommations de gaz. L’avenir de nos infrastructures passe donc par la décarbonation des gaz transportés, avec le biométhane, l’hydrogène ou le dioxyde de carbone, et l’adaptation des réseaux existants, afin de limiter le coût des investissements massifs qui seront nécessaires. Les opérateurs auront à cœur de démontrer qu’il est possible, sous certaines conditions, de convertir les ouvrages existants, tout en maintenant un haut niveau de sécurité dans l’exploitation des infrastructures.
Un autre enjeu, complémentaire au précédent, est de continuer à assurer le stockage et l’acheminement du gaz dans des conditions optimales d’intégrité et de sécurité. Certains réseaux actuels ont plus d’un demi-siècle, garantir leur exploitation, leur surveillance et leur maintenance est une priorité constante des opérateurs, et le restera dans l’avenir. Participer à la sécurité d’approvisionnement de nos territoires et contribuer au développement de leur indépendance énergétique font partie des missions qui motivent au quotidien les gestionnaires d’infrastructures.
[1] Avenir des infrastructures gazières aux horizons 2030 et 2050, dans un contexte d’atteinte de la neutralité carbone – rapport de la CRE, avril 2023.