Jean-Marc Leroy, Président de France gaz

France gaz vient de fêter ses 150 ans. Que retenez-vous de ce temps fort ?

Un siècle et demi d’histoire méritait bien que l’on revienne sur quelques dates clés qui ont marqué notre association !

France gaz a été fondée en 1874 avec les prémisses de la révolution industrielle en France, contribuant à l’essor de l’industrie gazière française et à son rayonnement dans le monde. A l’époque, France gaz était nommée Société technique de l’industrie du gaz, la STIG, mais les gaziers français ont très vite compris l’intérêt de constituer un organe institutionnel de discussions et de mise en commun des idées et des questionnements autour de l’avenir et de l’évolution de l’industrie gazière.

En 1927, la STIG devient l’Association technique du gaz (ATG) et ambitionne de regrouper les principaux gaziers internationaux à travers la création de l’Union internationale de l’industrie du gaz. Ce qui donne à notre association une ouverture sur le monde gazier en organisant le premier congrès mondial du gaz à Londres, puis le second à Paris.

Parallèlement à l’ouverture du marché, en 2000, nous sommes passés d’une association à vocation technique à un syndicat professionnel représentatif de l’ensemble de l’industrie française du gaz, rebaptisé Association française du gaz (AFG).

Enfin, en janvier 2023, le conseil d’administration de notre association a choisi qu’elle se transforme en France gaz. Ceci pour marquer une triple ouverture : l’inclusion de l’ensemble des gaz qui constitueront notre futur énergétique comme l’e-méthane, le biométhane, l’hydrogène et le méthane de synthèse ; la facilitation de l’accès à notre association pour des entreprises innovantes ; et le développement de nos relations internationales pour permettre à ces nouvelles technologies que nous portons d’essaimer en France, en Europe et à travers le monde.  

Nous n’avons pour autant pas perdu notre ADN axé sur une transition énergétique qui repose sur 3 piliers : le respect de l’environnement, la sécurité d’approvisionnement et la compétitivité de nos solutions et de notre économie.

En parallèle du développement des nouvelles solutions gazières reposant sur une économie circulaire, nous agissons résolument pour désiloter le monde de l’énergie et l’ouvrir à de nouvelles filières agricoles, telles que l’industrie des déchets ou l’industrie du recyclage.

Elles étaient au cœur du Congrès : quel rôle les startups jouent-elles dans la transformation de l’industrie gazière ?

Durant ces 150 ans, l’industrie gazière a fait preuve de sa résilience au service des Français. Cela s’est vérifié avec éclat durant les trois années qui viennent de s’écouler, où nous avons dû ensemble affronter une série de crises sans précédent. Et je suis convaincu qu’à l’avenir, le mot clé de cette résilience sera l’innovation. C’est la raison pour laquelle nous avons invité plus de 30 startups à ce Congrès, pour qu’elles montrent à la fois leur engagement et leur savoir-faire sur l’ensemble de la chaîne gazière et péri-gazière. Les solutions que nous proposons pour l’avenir du gaz ont toutes un élément en commun : leur valeur ajoutée est locale, au plus européenne. Cela en fait de formidables instruments pour la réindustrialisation du pays et son autonomie stratégique.

Ces jeunes entreprises de la chaîne gazière jouent un rôle essentiel dans la transformation de notre industrie. L’innovation est également un levier de transformation et d’action de l’ensemble de nos adhérents dont l’histoire marque la capacité à se réinventer sans cesse au service de nos concitoyens et de notre pays.

France gaz vient de signer 3 accords qui ont vocation à créer des passerelles avec de nouveaux mondes. Quels sont les grands enjeux associés à ces accords pour France gaz ?

La filière française du gaz, forte de 150 ans d’histoire, s’est engagée depuis plusieurs années, résolument, dans la transition énergétique. Nous sommes convaincus que le gaz, qui deviendra totalement décarboné en 2050, a toute sa place dans le mix énergétique du futur.

Lors de notre congrès annuel, le 6 juin dernier, nous avons concrétisé trois partenariats stratégiques avec des acteurs clés. Ces accords visent à créer des passerelles vers de nouveaux horizons et à accélérer la décarbonation de notre secteur.

Les enjeux associés à ces accords sont triples.

L’accord historique entre l’Association Égyptienne du Gaz et France gaz ouvre la voie à de futurs échanges sur les technologies de décarbonation et les réglementations à mettre en place pour les faire fructifier. Il s’inscrit dans la ligne de celui que nous avions signé en 2023 avec l’Association Japonaise du Gaz.

Les voies de la neutralité carbone seront multiples en fonction des territoires. Il est donc essentiel de travailler ensemble pour bâtir les échanges qui permettront à chacun de construire et d’optimiser sa trajectoire pour régler notre problème commun : le réchauffement climatique.

En s’associant à la fédération des acteurs du recyclage (FEDEREC), France gaz s’engage à optimiser les processus de valorisation énergétique dans une logique d’économie circulaire au cœur des territoires. Cela implique d’innover, d’améliorer l’efficacité des solutions et de réduire leur empreinte carbone. Les enjeux sont multiples : économiques, environnementaux et sociaux.

Enfin, en rejoignant le Cercle des partenaires de l’institut Rexecode, France gaz participe activement aux travaux du pôle “Énergie-Climat”, pour mieux intégrer une vision macroéconomique dans la transition énergétique qu’elle conduit. L’objectif est d’aligner les politiques énergétiques sur les enjeux climatiques tout en favorisant une croissance durable dont bénéficieront à la fois notre économie et nos concitoyens. Pour France gaz, cela signifie contribuer à des décisions stratégiques au travers d’analyses économiques pertinentes.

Ces accords marquent une étape cruciale pour France gaz. Ils témoignent de notre volonté de jouer un rôle majeur dans la transition énergétique. Pour conclure, je voudrais vous dire ma satisfaction de passer le relai à votre futur président, Frédéric Martin. Je suis convaincu qu’il saura porter haut les couleurs de l’industrie gazière et utiliser tous les leviers qui viennent d’être mentionnés pour poursuivre sa transformation.