Vous êtes Président de Coénove. Pouvez-vous nous présenter l’association et ses champs d’intervention ?

L’association Coénove a été créée en octobre 2014, il y aura 10 ans cette année ! C’est une association qui rassemble les acteurs majeurs de l’efficacité énergétique dans le bâtiment : les principaux industriels fabricants franco-européens, les organisations professionnelles qui distribuent les équipements, les installent et les maintiennent ainsi que les énergéticiens acteurs du verdissement du gaz et enfin les usagers sont représentés à travers l’Union Sociale pour l’Habitat.

Notre souhaitons mettre en valeur la pertinence d’une approche basée sur la complémentarité des énergies pour réussir la décarbonation du secteur des bâtiments, avec notamment le rôle des gaz verts, pour préserver la souveraineté énergétique de notre pays, la sécurité d’approvisionnement et le pouvoir d’achat des Français.

Nous nous mobilisons auprès des Pouvoirs Publics et nous participons aux diverses consultations publiques pour valoriser l’importance d’un mix énergétique pluriel  à travers des solutions innovantes et des études menées dans le cadre de notre Comité Scientifique et Technique.

Nos travaux, et donc les messages que nous déployons, portent sur 3 grands axes concernant l’énergie gaz dans le bâtiment. Le premier, c’est la sobriété et l’efficacité énergétique car la baisse des consommations est la clé de la transition énergétique. Le second, c’est le verdissement progressif du vecteur gaz, énergie renouvelable, stockable et produite localement, avec comme ambition, 20% de gaz verts en 2030 et 100% en 2050. Enfin le troisième axe, c’est l’innovation et la performance avec, d’une part, 50% du parc installé de chaudières qui peuvent basculer en Très Haute Performance Energétique pour réduire immédiatement de 30% les consommations et d’autant les gaz à effet de serre puis, d’autre part, l’hybridation des systèmes pour limiter la pointe électrique hivernale.

Quelles sont vos dernières contributions en faveur des gaz renouvelables et de la transition énergétique ?

Sur les gaz verts, nous nous attachons à mettre en miroir les consommations prévisionnelles de gaz à 2050 (qui devraient se situer autour de 240 TWh dont 100 TWh pour le secteur des bâtiments) et les potentiels de production de gaz renouvelables avérés et confirmés par les acteurs de la filière, de l’ordre de 320 TWh. En l’espace d’une génération, la France a donc un potentiel fabuleux de verdissement de l’ensemble de son gaz, tous usages confondus.

La méthanisation est la filière la plus mature et permet de valoriser des déchets agricoles et agroalimentaires. Avec 12 TWh de production à date, les objectifs de la précédente PPE ont largement été dépassés et cela représente déjà l’équivalent de 2 réacteurs nucléaires. D’autres technologies sont en train d’émerger comme la pyrogazéification, la gazéification hydrothermale ou la méthanation. Contrairement à ce que l’on entend parfois, il n’y a pas de problème de bouclage de la biomasse, d’ici 2040, pour produire des gaz verts !

Nous martelons ce discours dans toutes nos communications et nous l’avons également rappelé lors de quelques  interventions récentes, par exemple lors des « 24èmes Rencontres de l’énergie »  ou dans le cadre d’un débat Bip Enerpresse sur les enjeux liés à la biomasse.

Après avoir lancé en 2022 la mention « gaz vert », qui a permis aux acteurs de la filière du bâtiment de s’engager et de communiquer sur le biométhane, Coénove est ravie d’être associée à la nouvelle campagne sur les gaz verts avec Jamel Debbouze comme égérie. Cette campagne va directement informer le grand public sur les nombreux atouts de cette énergie locale, stockable et renouvelable !

Sur la transition énergétique des bâtiments, nous sommes convaincus qu’un scénario alternatif, plus équilibré qu’une électrification à outrance du chauffage est plus judicieux pour le pays. Une étude, que nous avons réalisée avec le cabinet Artelys, montre que des hypothèses réalistes en termes de réduction des consommations gaz et une bascule progressive vers le gaz vert permettent d’atteindre la neutralité carbone dans le bâtiment avec un moindre coût complet pour la collectivité et une meilleure résilience face aux aléas qui peuvent survenir (vague de froid prolongée, problème systémique sur un mode de production d’énergie,  moindre rénovation, effet rebond, …).

Que pensez-vous des dernières annonces du gouvernement au sujet de la loi de simplification, notamment au sujet des biogaz ?

Tout d’abord, nous regrettons vivement que le projet de Loi Energie Climat ait été abandonné par le Gouvernement. Un sujet aussi crucial que l’avenir énergétique de la France mérite un débat devant la représentation nationale et l’expression d’ambitions fortes qui ne peuvent se restreindre à des décisions prises par voie règlementaire au sein des cabinets ministériels. 

Nous sommes donc très intéressés par les propositions de loi de programmation énergétiques, défendues par différents groupes parlementaires à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Nous sommes par ailleurs inquiets du yo-yo permanent sur la politique d’aides à la rénovation qui brouille les messages et perturbe le marché là où les professionnels du bâtiment réclament stabilité, cohérence et renforcement des aides.

Concernant la loi de Simplification donc, nous sommes en phase avec les mesures portées par France Gaz et les acteurs de la filière des biogaz qui permettront de conforter les porteurs de projets et de rassurer les partenaires et financeurs qui réclament soutien, planification et vision long terme.

Nous défendons également l’abaissement à 5.5% du taux de TVA applicable aux offres de fourniture de gaz naturel comprenant au moins 50% de biogaz. Les aides sur les chaudières ayant disparu, ce signal serait très positif pour les clients qui s’engagent à consommer du gaz vert.

Enfin, le soutien à l’hybridation des systèmes nous semble indispensable pour garantir la sécurité d’approvisionnement du pays. L’électrification à outrance du secteur des bâtiments, secteur le plus thermosensible, conduirait à une impasse en accroissant les appels de puissance en période hivernale, alors même que nous ne disposerons pas des capacités électriques suffisantes à l’horizon 2030-2035.