Vous êtes responsable du Pôle Transition écologique du MEDEF. Quels sont les objectifs du pôle transition, notamment concernant l’adaptation des énergies aux objectifs de la transition ?
La lutte contre le changement climatique est un objectif central pour les entreprises. La décarbonation compétitive de notre économie est une opportunité qui doit permettre le renforcement de nos filières. La croissance et la réindustrialisation française et européenne, qui reposeront sur les entreprises, est un cercle vertueux qui apportera les ressources pour financer les transformations à venir.
Le pôle Transition Ecologique est l’organe au sein du MEDEF qui organise les travaux de nos élus et de nos entreprises sur les enjeux de transition écologique. Par les positions qu’il contribue à développer et les opinions éclairées qu’il apporte au sein des instances du MEDEF, il vise à défendre la compétitivité et l’entreprenariat autour de la transition. Il permet de fédérer et d’accompagner un collectif engagé et actif, qui prend racine dans les fédérations et les territoires, illustrant ainsi la raison d’être du MEDEF : « agir ensemble pour une croissance responsable ».
De manière concrète, l’action du MEDEF et du pôle Transition écologique se structure autour de deux instances principales où nos adhérents se retrouvent : la Commission Transition Ecologique et Economique, co-présidée par Christine Goubet-Milhaud (Présidente de l’UFE) et Benoît Clocheret (Président Exécutif chez Artélia, féderation Syntec), et la Commission Energie, co-présidée par Julia Maris (Chief Sustainabiity Officer, VP Corporate Environmental & Social Responsability d’ENGIE et représentante de France gaz) et Luc Benoit-Cattin (DG Industrie du Groupe Arkema et représentant de France Chimie). La Commission Energie vise en particulier à promouvoir la transition énergétique et accompagner les entreprises françaises dans une triple logique de décarbonation, de résilience et de compétitivité. Nous portons une vision claire : il est indispensable pour les entreprises de disposer, de façon résiliente, d’une énergie décarbonée, pilotable et compétitive pour mener la transition écologique.
Les décisions prises en Commission et l’identification des sujets cruciaux pour nos entreprises peuvent conduire au cas par cas à la mise en place de Comités et de Groupes de travail qui permettent d’approfondir les points à traiter et de renforcer l’appropriation du MEDEF. L’adaptation au changement climatique rentre tout à fait dans ce cadre : nous avons ainsi mis en place récemment un groupe de travail dédié dont l’ambition est d’encourager la montée en compétence des entreprises et de contribuer aux échanges autour du PNACC.
La crise énergétique a mis la question de l’énergie au cœur des préoccupations des entreprises. Quelles sont les priorités en matière d’énergie pour le Medef en 2024 ?
2024 est une année d’impulsion et de renouveau pour l’énergie après deux ans de bouleversement sans précédent, sur le plan géopolitique, techno-économique et réglementaire. La construction d’un système énergétique bas carbone impose un rythme soutenu et la contribution de tous. Nous ne pouvons rester au milieu du gué, coincés entre les impératifs de la transition et la crainte d’un décrochage économique. Il faut avancer ensemble. Tout d’abord, même si le plus fort de la crise énergétique est derrière nous, elle n’est pas encore terminée : les dernières remontées de nos adhérents font ainsi état d’une situation contrastée. D’un côté, on constate une moindre exposition moindre pour les entreprises qui ont récemment signé leurs contrats et constatent même des prix en baisse. De l’autre la situation reste très inquiétante pour celles qui ont signé au plus fort de la crise et sont engagées sur plusieurs années, et qui n’ont plus les moyens d’ajuster leur marge opérationnelle ni de répercuter ces hausses de prix sur l’aval. Le MEDEF continue d’alerter l’Etat sur ces difficultés : il faut encore poursuivre l’accompagnement et les aides aux entreprises pour ne laisser personne au bord du chemin.
Mais la crise a aussi et surtout mis en exergue l’exposition fondamentale de nos entreprises aux prix de l’énergie et le risque de décrochage de l’économie française et européenne, face à des industries chinoises ou américaines qui continuent à bénéficier de prix bas et de mesures de soutien asymétriques. Et ce alors que nos entreprises sont indispensables pour conduire la nécessaire réindustrialisation en France et en Europe. Nous terminons actuellement avec Business Europe une étude quantitative d’ampleur qui confirme cette analyse et le besoin pour l’Europe de rétablir les conditions de compétitivité. Mais ce qu’il faut aussi, c’est de la visibilité et de la clarté : on pense bien sûr à la réforme en cours du marché de l’électricité, mais aussi et surtout à toutes les énergies bas carbone auxquelles France gaz contribue activement. Nous défendons un principe de neutralité technologique au service de la neutralité carbone, et ce principe fait partie des grandes priorités que nous portons dans le cadre des élections européennes.
Dernière grande priorité, c’est la planification. Avec nos adhérents, dont France gaz, nous avons pu contribuer l’an dernier aux travaux de consultation sur la Stratégie Française Energie Climat et sommes maintenant prêts pour parachever ces travaux, dans le cadre des dernières concertations prévues pour la PPE, la SNBC et le PNACC. Nos entreprises ont besoin de cette visibilité pour investir dans la transition écologique.
Le Medef sera présent au Congrès France gaz du 6 juin, à l’instar d’une trentaine de start-up à l’occasion de notre showcase Innovation. Qu’attendez-vous du congrès et quel soutien et conseil apportez-vous aux jeunes entreprises innovantes du secteur de l’énergie ?
Le Congrès France gaz est un moment incontournable et c’est toujours un plaisir et un honneur pour le MEDEF d’y assister et d’y contribuer. Le MEDEF est une organisation riche de la diversité et du dynamisme de ses adhérents, fédérations comme territoires. Le Congrès permet de prendre le pouls du secteur et de nourrir des échanges. Mais toute l’année, via les déplacements du Président du MEDEF Patrick MARTIN, et de tous les élus, nous avons aussi la capacité d’aller à la rencontre des entreprises innovantes. Début mars, nous avons pu par exemple échanger avec la start-up Gazotech, pionnier de la pyrogazéification, lors du World Impact Summit à Bordeaux. Le rôle du MEDEF est aussi de soutenir l’entrepreneuriat, l’innovation, l’audace et la prise de risque ! Nous serons toujours du côté de ceux qui créent ! Nous avons la chance d’avoir en France un écosystème très dynamique dans tous les secteurs énergétiques. Les jeunes entreprises innovantes permettent de casser les silos et les idées reçues et d’explorer de nouveaux territoires, au service d’un objectif commun : une énergie compétitive et décarbonée.