Gaz de Bordeaux fête ses 150 ans et s’impose comme un acteur national multi énergies. Quelles sont, selon vous, les clés de cette réussite au-delà du territoire bordelais ?
En une dizaine d’année, Gaz de Bordeaux est passé de fournisseur local de gaz naturel sur sa zone de desserte historique REGAZ au statut de 5ème fournisseur de gaz au niveau national avec 85% de son activité en dehors de la Gironde, plus de 17TWh vendu l’an dernier et plus de 335 000 clients partout en France. Cette dynamique repose, d’après moi, sur un modèle unique et des forces qui nous différencient et nous positionnent comme une alternative pertinente sur le marché :
- Notre histoire de 150 ans bien-sûr qui traduit notre expertise et notre solidité.
- Notre fiabilité, d’autant plus démontrée ces dernières années sur le secteur, qui a été lourdement impacté par des crises successives.
- Notre taille ensuite, sur un marché du gaz trusté par des fournisseurs internationaux : nous restons une PME de 160 personnes ! Tous les salariés sont basés au même endroit (service client BtoC compris !), au siège à Bordeaux. Cette proximité des équipes rend les échanges plus directs et efficaces. C’est un gage d’agilité et de réactivité pour tous nos clients, particuliers comme professionnels.
- Et enfin une culture de la relation client qui repose sur un accompagnement véritablement adapté aux besoins de chacun. On privilégie la transparence, la pédagogie et la simplicité dans nos discours comme dans les outils que nous mettons à disposition. Cette proximité est dans notre ADN et est d’ailleurs régulièrement saluée, notamment par le baromètre CLEEE/ FNCCR-territoire d’énergie. Cette étude comparative nous classe une nouvelle fois cette année 1er pour la qualité de nos services aux clients professionnels, et ça n’est pas une première, puisque cela va faire 9 ans que nous sommes sur le podium de ce classement !
A l’aube de nos 150 ans, nous ouvrons une nouvelle page de notre histoire en nous transformant au service des énergies décarbonées. C’est d’ailleurs d’ores et déjà bien engagée avec plus de 25% de nos clients particuliers convaincus et qui ont souscrit une de nos nouvelles offres que ça soit d’électricité verte ou de biométhane sur les 12 derniers mois.
Vous visez 40 % de clients particuliers au biométhane d’ici trois ans. Quels sont les principaux défis pour accélérer la part du biogaz dans votre offre ?
Lorsque nous avons posé au sein de Gaz de Bordeaux les bases de notre stratégie de décarbonation le biométhane pour un gazier historique que nous sommes semble l’évidence ! A date, c’est un peu plus de 45 sites de production de biométhane situés sur l’ensemble du territoire national que nous soutenons en rachetant 100% de leur production.
Actuellement nos offres à destination des clients particuliers comportent 20% de biométhane : nous pensons avoir trouver le bon équilibre compétitivité/économie carbone pour convaincre les clients de basculer pour partie vers cette énergie renouvelable.
Cette part ne peut pas augmenter pour l’instant sans avoir un impact financier conséquent sur la facture des clients et donc sur l’attrait de l’offre.
Pour contrer cette problématique il faut donc que l’ensemble de la filière accélère partout où c’est possible pour que le plus possible de projet de production de cette énergie renouvelable gazière émergent. La mise en place du dispositif CPB aidera, de même que l’IRIC mais au-delà de tous les dispositifs réglementaires, c’est notre conviction et force de persuasion individuelle et collective qui garantiront l’atteinte de nos objectifs pour la transformation de notre filière.
Vous venez de prendre la présidence de Gaz et Territoires : quels sont vos priorités dans le cadre de ce nouveau mandat ?
Gaz et Territoires regroupe, à travers ses 31 adhérents toutes les ELD gazières. 24 d’entre elles sont des gestionnaires de réseaux, qui acheminent environ 13 TWh par an de gaz à plus d’un million d’habitant. Le syndicat rassemble aussi les fournisseurs publics locaux d’énergie, pour un volume total d’environ 20 TWh/an soit 5 % de la consommation française. C’est un honneur pour moi d’avoir été élu président de ce syndicat dont je suis membre depuis plus de 15 ans.
Notre priorité numéro 1 est la mise en place d’une péréquation tarifaire pour l’ensemble des GRD gaziers. En effet, dans un monde de l’énergie en pleine transition (émergence du biométhane, substitution de l’usage gaz …) chaque territoire va évoluer suivant ces spécificités au bénéfice de la transition énergétique et la décarbonation nationale. Il est capital que chaque citoyen soit traité de manière identique face aux impacts de cette transition quel que soit son territoire. Or, il existe une péréquation aujourd’hui pour 95% du réseau de distribution gazier mais qui n’englobe pas les zones ELD (contrairement à l’électricité). Cela n’est pas tenable et injuste à moyen terme pour les clients sur nos zones de desserte qui se verront pénaliser sur leur facture gaz plus vite qu’ailleurs en France si leur territoire est plus propice à la substitution du gaz que d’autres. Cette réforme permettrait aussi de faciliter l’émergence des projets de biométhane sur les zones ELD en appliquant partout les mêmes avantages pour les porteurs de projet.
Nous appelons donc de nos vœux la mise en place de cette péréquation au plus vite, elle n’est d’ailleurs sans doute qu’une première étape vers une péréquation plus large envisageable à plus long terme et qui pourrait recouvrir différentes énergies (elec, chaleur…) au service de la transition énergétique du pays.