Vous prenez la tête de Teréga à un moment clé pour la transition énergétique en France, en amont de la publication de la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE). Quels sont les défis que vous anticipez pour Teréga dans les prochains mois, et comment envisagez-vous de les aborder ?

Nous sommes à la croisée des chemins. Le défi principal est de réussir une transition énergétique concrète, rapide, mais aussi réaliste, fondée à la fois sur les infrastructures existantes, les grands projets pour les nouveaux gaz et les complémentarités entre les énergies. Chez Teréga, nous devons accompagner la montée en puissance des gaz renouvelables, tout en garantissant la sécurité d’approvisionnement et la résilience du système énergétique. Cela suppose des investissements, de l’innovation, mais aussi une vraie capacité à dialoguer avec l’État, les collectivités et les acteurs industriels pour construire ensemble des trajectoires de décarbonation.

Quels sont les principaux axes de développement que vous souhaitez explorer pour renforcer la position de Teréga sur le marché du secteur de l’énergie en France et en Europe, en matière de décarbonation, notamment autour des gaz renouvelables, de l’hydrogène et de la sécurité d’approvisionnement ?

Notre feuille de route, incarnée par le plan stratégique GAÏA 2035, reste pleinement d’actualité. Nous allons continuer à investir dans l’accélération du biométhane, dans la structuration d’un réseau hydrogène à l’échelle du Sud-Ouest – en lien avec le projet HySoW – incluant des infrastructures de flexibilité énergétique comme le stockage, et dans celle d’un réseau de transport et de stockage de CO2. Sur le plan européen, nous voulons continuer à jouer un rôle actif dans la construction des corridors transfrontaliers pour les gaz bas-carbone, en particulier avec le projet H2med/BarMar pour l’hydrogène. Notre ambition est de faire de Teréga un hub énergétique régional connecté aux grands réseaux européens.     

Teréga est un acteur avec une forte empreinte territoriale. Quels sont les projets spécifiques que vous portez pour continuer à marquer cet ancrage ?

L’ancrage territorial est au cœur de l’ADN de Teréga. Nous accompagnons les dynamiques locales en mettant nos expertises au service de projets concrets comme HySoW, qui vise à structurer un réseau Hydrogène sur notre territoire en lien avec la future dorsale hydrogène européenne. Une partie de ce réseau Hydrogène sera issue de nos infrastructures existantes. Dans cette optique, le Groupe a engagé le rétrofit de l’une de ses canalisations gaz afin de la convertir au transport d’hydrogène, une opération emblématique de notre capacité à anticiper les évolutions du mix énergétique. Cette aptitude à innover tout en s’appuyant sur les actifs du territoire est essentielle pour accélérer la décarbonation, en lien étroit avec les acteurs locaux.
Teréga travaille également en partenariat avec plusieurs industriels du Sud-Ouest pour la conception d’un système d’infrastructures de transport et de stockage de CO2 permettant de décarboner leurs sites. C’est une solution incontournable pour les émissions dites incompressibles qui représentent la moitié des émissions issues de l’industrie dans ces régions. C’est aussi une chance d’avoir l’autre moitié de ces émissions qui concerne du CO2 biogénique allant être utilisé comme matière première de carburants de synthèse.
Nous sommes également impliqués dans des initiatives telles que la Zone Industrielle Bas Carbone (ZIBaC) sur les zones industrielles de Bassens et d’Ambès, en Gironde. Ce projet, lauréat de l’appel à projets national France 2030, réunit une vingtaine d’acteurs publics et privés, dont Teréga, autour d’un objectif commun : réduire de 81 % les émissions de CO₂ d’ici 2050.