La FNADE a récemment signé un accord de partenariat avec France gaz. Quel est l’objectif de cette collaboration ?
L’objectif est de développer la coopération entre nos deux organisations professionnelles afin de promouvoir la production de gaz renouvelables et bas carbone, issue de la valorisation des déchets. Ce partenariat nous permettra de mieux partager les évolutions technologiques et les bonnes pratiques de traitement des déchets afin d’optimiser la production de gaz verts. Il s’agit de promouvoir ces solutions innovantes, et de faciliter la mise en œuvre de projets.
Cette collaboration couvrira donc à la fois le cadre réglementaire tout comme le développement de technologies. Nos deux organisations sont expertes dans leur domaine, il est donc opportun de réunir nos compétences et nos savoir-faire afin de porter ensemble ces solutions qui contribuent à la transition énergétique de la France. Notre collaboration permettra d’identifier et de mettre en œuvre les leviers nécessaires pour libérer le potentiel de production d’énergie locale, décarbonée et compétitive pour les territoires.
Selon la FNADE, quelle réponse offre la valorisation énergétique des déchets en matière de transition énergétique ?
Les défis de la transition énergétique sont multiples : stratégiques, économiques, industriels, sociétaux. Alors que la France et l’Europe s’étaient déjà engagées dans cette voie pour répondre aux enjeux environnementaux et climatiques, le conflit entre l’Ukraine et la Russie a modifié le calendrier, créant une urgence à développer des solutions alternatives aux énergies fossiles. La valorisation énergétique des déchets permet de produire une énergie renouvelable et de récupération, locale et bas-carbone. Elle constitue donc une des réponses à la baisse d’importations des énergies fossiles.
La FNADE a réalisé une analyse prospective qui montre que le secteur de la gestion des déchets peut doubler sa production d’énergie renouvelable et de récupération d’ici 2030, en passant de 15TWh à plus de 30 TWh d’énergie thermique et de gaz, l’équivalent de la consommation de 7 millions d’habitants. La méthanisation est l’un de ces leviers à développer, alors que la majeure partie de l’énergie issue des déchets est actuellement produite grâce aux UVE (Unités de Valorisation Energétique de déchets) implantées au cœur des territoires et à la filière CSR (Combustibles Solides de Récupération, issus des refus de tri).
Plus précisément, le potentiel de production de biométhane lié au développement de la méthanisation des biodéchets et de l’épuration du biogaz des installations de stockage de déchets non dangereux et sa réinjection au réseau est estimé à 5 TWh. A date, il représente 3% de la consommation de gaz en France en 2021. Nous avons donc l’ambition de développer ce potentiel afin de produire plus de gaz vert.
Les modes de production de gaz au sein de la filière déchets reposent aujourd’hui sur deux procédés éprouvés : la méthanisation des déchets organiques et le captage de biogaz sur les ISDND (Installations de Stockage de Déchets Non Dangereux), avec épuration et injection de biométhane dans le réseau.
Concernant le premier, l’évolution de la collecte des biodéchets des ménages et des entreprises représente un potentiel nouveau mais qui peut s’avérer complexe selon l’hétérogénéité des flux. La méthanisation des boues est plus simple. Quant au second, nous estimons que la production de biométhane sur les ISDND devrait évoluer autour de 4TWh d’ici 2030, en lien avec la réduction du stockage ambitionnée par la loi AGEC, vers 0,8 TWh d’ici 2050.
La pyrogazéification de déchets et la gazéification hydrothermale des boues sont deux procédés qui ouvrent de nouvelles perspectives. Plus complexes ou encore en cours de développement, ils constituent des solutions innovantes dans la valorisation énergétique des déchets.
Plus largement, quels sont les défis que rencontre l’économie circulaire aujourd’hui en France et en Europe, à la veille de la publication du futur Circular Economy Act ?
L’économie circulaire est un axe essentiel pour renforcer la souveraineté européenne. Le déchet est une ressource, il permet de produire des matières recyclées en substitution de ressources limitées et de l’énergie en substitution d’énergies fossiles importées. Afin de bâtir une véritable politique industrielle circulaire en Europe, la FNADE a porté auprès de la Commission Européenne des propositions concrètes pour développer l’économie circulaire et en faire un véritable levier de souveraineté et de compétitivité durable.